Peut-on changer l’autre ? Soyons honnête, c’est une question récurrente en couple. Il arrive que l’on veuille adoucir certains traits de la personnalité de notre partenaire, modifier son comportement ou le conformer à nos attentes. Avec des chances de succès parfois limitées.
La phase d’idéalisation fait partie intégrante des débuts d’une relation amoureuse. L’autre semble n’avoir aucun défaut et a tout du partenaire idéal. Et puis les débuts enflammés laissent place à quelque chose de plus rationnel. C’est alors que les manies qui nous attendrissaient commencent à nous agacer. Et qu’on se surprend à vouloir modeler l’autre selon nos attentes. Mais peut-on vraiment changer son ou sa partenaire ?
Pourquoi veut-on changer l’autre ?
Toute relation, ou presque, commence par une période fusionnelle. C’est la symbiose. «Le « nous » englobe absolument tout. Dedans, se fondent nos personnalités respectives et donc nos individualités personnelles. Cette phase permet de s’apparier et de se projeter en terme de couple», avance Cécilia Commo, psychanalyste, thérapeute de couple, sexologue et autrice de Le couple parfait n’existe pas : l’éloge de l’imperfection amoureuse. Passée la magie de la rencontre et la phase d’idéalisation, où l’autre nous semblait paré de toutes les qualités, l’amour aveugle se dissipe peu à peu. «Il faut bien réintégrer sa capsule individuelle et apprendre à faire avec ce qui a toujours été, même si on ne le voyait pas sous cet angle : la différence d’un autre que moi», poursuit-elle.
C’est là qu’apparaissent les difficultés. «Il y a ceux qui comprennent que passée la fusion « lune de miel », certains des comportements de leur partenaire ne s’ajustent pas à leurs attentes ou à leurs valeurs. Il y a ceux qui sont déçus d’une réalité qui ne leur convient pas. Et il y a ceux qui préfèrent leur fantasme à cet autre humain trop humain et donc imparfait pour paraphraser Nietzsche», analyse l’experte. Autrement dit, plutôt que de le voir dans ce qu’il est réellement et globalement, il devient le support de nos projections. «On veut changer l’autre pour rester dans quelque chose de familier, quelque chose qui réponde à nos attentes et nous laisse un peu de contrôle», ajoute-t-elle.
Que peut-on demander à son/sa partenaire de changer ?
Certains affirment qu’on ne peut pas changer son ou sa conjoint·e et qu’aimer l’autre c’est l’aimer comme il est. Mais ce serait nier que l’on évolue tous et que la relation de couple entraîne naturellement un certain nombre de changements chez les partenaires. «Il est nécessaire d’évoluer car les expériences de vie enrichissent notre pensée et notre façon de voir le monde. Mais faut-il encore évoluer dans le même sens et au même rythme, ce qui s’avère parfois très complexe», constate Cécilia Commo. Pour la thérapeute de couple, il s’agit avant tout de s’entendre sur l’ampleur de la transformation. L’autre n’est pas cette pâte malléable que l’on aimerait qu’il soit, soumis à nos envies. «On peut adoucir les traits un peu rudes d’une personnalité, mais pas les changer radicalement. De même on ne peut pas demander à quelqu’un de sensible et un peu introverti de s’endurcir et de devenir extraverti», explique la psychanalyste.
Vouloir conformer notre partenaire à nos attentes peut mettre notre couple en danger. Car on remet en cause ce qu’il est. «Ce genre de demandes peut sembler extrêmement désobligeant et signifier que la personnalité de l’autre n’est pas adéquate», insiste Cécilia Commo. Demander à quelqu’un de changer sa manière d’être, ce n’est pas la même chose que lui demander de partager aux tâches ménagères. «Ce qui est légitime de demander en terme de changement c’est tout ce qui va d’une manière ou d’une autre avoir des répercussions sur nous, nous impacter directement ou indirectement», indique la spécialiste. Du moment que nous n’exigeons pas et que l’on parle de notre ressenti, de nos besoins.
Interroger ses attentes avant de demander à l’autre de changer
Avant d’essayer de changer l’autre, il est intéressant de se demander si le malaise qu’on lui reproche n’est pas, en réalité, hérité de notre propre histoire, de nos sentiments négatifs. «Bien souvent, j’attends de l’autre quelque chose que je ne possède pas ou alors, je (sur)valorise des traits de personnalité que je cherche à intégrer chez lui – très souvent pour des raisons qui me sont personnelles, qui appartiennent à mon histoire infantile, à mes fantasmes», remarque Cécilia Commo. «J’ai dans la tête, souvent très inconsciemment, un portrait du ou de la partenaire idéal·e.»
Remettre son couple en question est parfois une façon d’éviter de s’interroger sur soi. Souvent, l’un des leviers pour changer l’autre est de changer soi-même, mais il est difficile de se remettre en question. «Nos attentes sont presque toujours à interroger. Cela ne signifie pas qu’il faille y renoncer mais cela apporte un peu de clarté sur nos demandes et/ou reproches quant à la personnalité de l’autre», explique la thérapeute. «Ce qui est essentiel pour avancer, c’est de comprendre ce qui est du ressort de l’autre et ce qui est du mien dans les reproches que je lui adresse.»
Éviter les reproches et accompagner le changement
«Demander un changement reste parfois sans réponse effective : l’autre écoute mais n’entend pas. Souvent, parce que le message qui lui parvient est « Tu ne me conviens pas tel que tu es » ce qui déclenche plus une angoisse qu’une prise de conscience», décrypte Cécilia Commo. Il est préférable d’exprimer ce qu’on ressent, de s’ouvrir à l’autre et de communiquer de façon claire, avant d’espérer un quelconque changement. C’est la meilleure façon de demander à son ou sa partenaire de changer de comportement par amour sans le ou la brusquer. Il faut aussi prendre conscience qu’un changement est un processus long et difficile. Il est souvent stérile d’attendre que notre partenaire réalise tout d’un coup ce qui, selon nous, cloche chez lui ou elle.
Si l’autre n’entend pas ce que l’on énonce, il peut être bénéfique d’envisager une thérapie de couple. «Le cabinet du thérapeute permet d’être un terrain neutre où on écoute enfin l’autre sans se braquer « contre ». Le thérapeute reformule et permet d’atténuer le sentiment de défiance qui prévaut entre les partenaires», rappelle Cécilia Commo.
Article de Marion Dos Santos Clara mise à jour le 19/08/2022
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